dimanche 28 octobre 2012

Juste là, au creux du froid

On était tous les deux accoudés à sa fenêtre et le soleil me faisait plisser les yeux. Partout, il avait neigé, et j'avais couru regarder le jardin en me réveillant, espérant qu'ici aussi. Il n'y avait que nos deux têtes qui dépassaient et on a ri en imaginant le voisin nous voir l'espionner. J'ai respiré l'air froid et eu hâte à l'hiver, le vrai. Il était juste là, à portée de lèvres et je m'étais réveillée à côté de lui, endormie sans larme. La soirée s'était déroulée, minute après minute, sans que je ne sois envahie par cette peur qu'il me laisse, j'avais repoussé tout ce qui fait mal, et bordel, on était le matin et ça avait été par-fait. Ce mot que je n'ose dire que du bout des lèvres, par crainte que tout s'arrête, et soit parfaitement raté, perdu, gaché.

Dans le tram qui me ramenait à ma maison la dame assise à côté de moi sentait le froid-la cigarette-la menthe, et j'ai redécouvert une de mes odeurs préférées. J'aurais voulu écrire dans un carnet  toutes les autres qui me réconfortent, le feu de bois-le four qui chaufffe-le parfum à la fleur d'oranger de mon papa, mais le froid et le soleil n'ont pas d'odeur, et c'est pourtant celles qui sont venues en premier.

J'ai envie d'écouter mes envies, de ne pas économiser, de ne plus me dire "le jour où". De tout faire, tout essayer (non, pas tout t-o-u-t), maintenant, sans attendre. Cuisiner des cookies dans la minute où j'y pense, et tant pis si ils ressemblent à des pancakes, dépenser ma première paie en sushis, chanter à tue tête en allemand alors que je ne connais que gummibershen comme mot, inviter mes copains à une soirée improvisée, même si je suis fatiguée à m'endormir à 20h toute habillée, la tête posée sur mon téléphone après une heure à parler avec celles qui donnent le sourire. Je voudrais juste ne plus faire de cauchemars, même si, Eva l'a dit, c'est mieux d'avoir peur la nuit que dans la vie.


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