samedi 6 décembre 2014


Il y a un an on avait mangé des éclairs au café au milieu de la nuit. Oui, c'est de ça dont je me rappelle. Notre course folle, zigzaguants entre les voitures ivres de chagrin, pour aller chercher le paquet soigneusement emballé que ma mère était allé acheter avant d'accourir à l'hôpital. Je crois que je n'ai même jamais su à qui ces éclairs étaient destinés, mais leur goût sucré au milieu des larmes qui coulaient sur nos joues rouges, dans le noir de la nuit et le froid de décembre, mangés à petites bouchées sur ces marches gelées de la sortie de secours, ça, je me souviens. Leurs yeux frottés, la télévision du gardien qui vociférait, la douceur des cheveux bouclés de ma cousine que j'ai caressés sans fin, la bouche qui tremblait de mon cousin, si petit recroquevillé dans les bras de sa mère, et puis nos rires, malgré tout, contre cette vie qui s'acharne. Cette drôle de pièce remplie de fausses fleurs et de tasses émaillées pour recueillir la douleur de ceux qui restent et ma tête qui tombait encore et encore alors que je tentais de maintenir tant bien que mal mes yeux ouverts. Je voulais tenir jusqu'au bout - moi aussi -. Il y a eu tout ce qui est trop difficile pour être écrit et même prononcé, la détresse profonde dans les yeux de ceux qu'on aime, et ces images immondes de la maladie qui gagne. Tout ce qui s'invite dans les cauchemars et qui sort en gerbe ce soir. 
On l'a fait. 
& on n'oublie rien. Du tout. 


5 commentaires:

  1. Bouh, tes mots et puis cette chanson que j'aime tant à la fin, j'ai les yeux tout mouillés.

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  2. Le cœur serré en lisant ces lignes. J'imagine ta douleur. Un an après, je t'embrasse.

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  3. Je t'embrasse (je vous embrasse tous) très fort.
    Est ce qu'il faut oublier? Je ne suis pas sûre. Y repenser avec de moins en moins de douleur, c'est possible...

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  4. Tes mots sont si lucides, difficiles et doux à la fois. C'est fort et c'est fragile, ces mots-là marchent sur un fil, en équilibre. On vacille, on touche le vide mais on ne tombe pas, prends soin de toi <3

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  5. J'ai revécu la scène avec toi, avec vous ...
    L'écrire, la retranscrire, la vomir ...
    Tu as le droit, tu as raison je pense (mais qui suis je pour penser ?) de le faire.
    En pensée avec toi ce soir.

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